Lu Monpère

L'Alphonse du Monpère apprend que le cheval de l'oncle André est malade, ce qui en cas d'issue fatale causerait un grand préjudice à son propriétaire, le cheval étant son seul outil de travail primordial.
Djum' va r'met c't'houm' là1, dit-il à sa femme.
Il se rend donc chez l'André Thomsin, entre dans l'écurie, examine longuement le pauvre cheval et va à la cuisine, où toute la famille réunie attend son verdict.  Comme il a la réputation de s'y connaître en chevaux, son avis est d'autant plus précieux.  Devant le regard interrogateur de l'assistance, il annonce, impavide :
Il est fouteu vot' chuvô.2
Beau réconfort qu'il apportait là, en vérité !  Ajoutons pour la petite histoire que le cheval s'est tout à fait rétabli.

Ce même Alphonse, sur ses vieux jours, était devenu quelque peu original.  Se trouvant aux champs et l'heure de rentrer étant arrivée, il décrochait sa montre de son gousset et la suspendait à l'oreille de son cheval pour lui signifier qu'il était temps pour lui d'arrêter le travail et de rentrer à l'écurie.

Son fils, le François, a eu 9 enfants et ce, tout en étant resté cinq ans prisonnier de guerre en Allemagne.  Commentant sa fécondité, un voisin eut cette réflexion spirituelle :
Y gn' arom' eu la guerre, i gn' arô des p'tits Monpère plé la Ruelle du Brau !3

1. Je vais remonter le moral à cet homme.
2. Il est foutu votre cheval.
3. S'il n'y avait eu la guerre, il y aurait des petits Monpère plein la ruelle du Brau.

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